En juillet 2019, Plutone Di  I Tre Ghjalghi, un an,  fait une première crise d’épilepsie. Ses propriétaires consultent un vétérinaire neurologue qui confirme le diagnostic le mois suivant. Immédiatement ses parents sont stérilisés, aucun chiot n’est conservé  et je préviens tous les propriétaires des collatéraux ainsi que l’utilisatrice de leur père.

A l’automne 2020, j’apprends qu’un collatéral de Nova, acquise en 2017, puis un deuxième quelques temps plus tard, sont atteints de la même maladie. Nova attend sa seconde portée. Je décide de stériliser celle-ci une fois ses chiots sevrés. Mais je garde une femelle, Rena. Nova a 6 ans, aucun signe d’épilepsie, à l’instar de ses deux parents et quatre grands-parents. Elle a eu 10 chiots, qui ont aujourd’hui 3,5 et 2,5 ans. Aucun n’a déclaré le moindre symptôme. Sa mère a eu 30 chiots, âgés de un à six ans, seuls les deux précédemment évoqués sont atteints.

J’ai produit 103 chiots, âgés de 1 à 6 ans, seul Plutone est atteint. I’Sanni a produit 29 chiots, son fils Oram 17 et son petit-fils Ribellu 18, tous indemnes à ce jour.

J’ai bien conscience qu’il faille faire très attention à cette maladie, et sélectionner pour l’éviter au maximum. Dans un premier temps,  il faudrait commencer par signaler et répertorier les animaux atteints et donc avoir le courage d’en parler, cesser de mettre la poussière sous le tapis et rester vigilants quant aux décisions d’élevage.

 Parce que, si vous écartez de la reproduction :

  • Les chiens qui ont un parent épileptique au-delà du second degré
  • Les chiens qui ne sont pas « A » ou « B » au dépistage officiel de la dysplasie
  • Les chiens qui ont une tâche blanche un peu trop envahissante ou mal placée
  • Les chiens qui n’ont pas une dentition parfaite
  • Les TI, parce que par définition on ne sait rien des maladies ou défauts de leurs ascendants
  • Les chiens qui ne sautent pas sur une peau de sanglier à 6 mois
  • Les chiens qui ont l’œil un peu trop clair, les oreilles un peu trop longues et le fouet pas assez enroulé… bref la liste peut être tellement plus longue en fonction des certitudes de chacun !

… Combien en restera-t-il ? Peut-on être aussi exigeants avec une race à faible effectif qui n’est pas encore définitivement à l’abri de l’extinction ?

En génétique, pour la sauvegarde d’une race, il faut avoir une base de sélection la plus large possible et prendre des risques. Or la base de sélection du Cursinu s’amenuise parce qu’il n’y  pas assez de chiens au LOF, parce que des chiots sont tués pour cause de défauts pourtant non rédhibitoires, et parce que les sentiers les moins battus ne sont pas empruntés…

Dans ma vision de l’élevage, je fais le choix de :

  • Ne jamais tuer un chiot viable.
  • Garder un chien ayant un individu épileptique dans sa famille, à condition qu’il ne s’agisse ni d’un ascendant direct ni d’un descendant direct ni d’un frère ou d’une sœur. Et le reproduire en fonction de son évolution et celle de ses frères et sœurs. (Ainsi Nova n’aurait pas dû produire, mais il était trop tard)
  • Reproduire un chien qui me plaît malgré une  «dysplasie C », avec un partenaire mieux noté. Et qui sait si un jour nous ne serons pas obligés d’aller au-delà !
  • Garder un chiot qui a un plastron blanc, du blanc sur le nez, des chaussettes blanches, ou qui est de couleur sable non masqué, et le faire produire en fonction de ses autres qualités
  • Reproduire un chien qui n’a pas une dentition parfaite
  • Utiliser un TI
  • Conserver un chien « trop » prudent (surtout à la chasse !)
  • Sans compter les yeux clairs, les oreilles longues et les queues courtes et bien d’autres critères qui en révulseront plus d’un.

Rien n’est dévalorisant dans l’élevage, ni les dernières places d’une expo, ni les défauts de nos animaux, encore moins leurs maladies. Le plus important est d’être honnête, sincère et d’y prendre plaisir. Il y a exactement 5 ans, toute nouvelle dans le « circuit », je pensais approcher un groupe de passionnés, prêts à se serrer les coudes et s’entraider, dans l’intérêt de la race. Ma désillusion a été extrêmement rapide et douloureuse. Mais elle m’a appris une chose : on pense tout savoir et finalement on n’en sait si peu. Je continue donc à apprendre, grâce aux plus éclairés et à mes erreurs !